Introduire le soja dans une rotation de grandes cultures
Le soja a des avantages notamment en termes d’organisation du travail. L’impact de cette culture sur plusieurs campagnes s’avère également favorable.
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Que ce soit pour répondre à de nouveaux besoins locaux pour la nutrition animale, ou pour diversifier sa rotation afin de répartir les risques et résoudre des problématiques agronomiques, la culture de soja trace son sillon dans les assolements français. Toutefois, elle reste généralement très minoritaire. Supportant mal la comparaison avec le maïs en termes de marge brute, le soja trouve davantage d’arguments en raisonnant à l’échelle de la rotation.
Cours plus stables mais rendements plus fluctuants
Concurrent direct du maïs dans les assolements, le soja part avec deux handicaps majeurs : « La marge brute permise par le maïs est généralement meilleure que celle du soja et ce dernier craint davantage le chaud et le sec. Lors d’une mauvaise année, le maïs souffrira mais ne prendra pas la même raclée que le soja, pose Fabrice Delorme, conseiller au CerFrance de l’Ain. En revanche, les cours du soja sont bien moins volatils que ceux du maïs. »
Moins d’intrants
La conduite du soja ne nécessite pas un matériel différent de celui du maïs. Le coût des semences inoculées sera un peu plus élevé que celui des semences de maïs, à moins que la fréquence de retour dans la rotation soit suffisamment élevée pour se passer de réinoculation. Le désherbage est souvent un peu plus coûteux en soja, et plus délicat : « Il est important d’intervenir tôt dans de bonnes conditions pour être efficace tout en limitant la phytotoxicité », souligne Jérôme Facundo, technicien à la coopérative Capdis.
Toutefois, le soja peut, comme le maïs, se prêter à un désherbage mixte dans les situations où le contrôle des vivaces n’est pas trop problématique. Dans ce cas, le désherbage en postlevée est supprimé, remplacé par deux ou trois binages. L’écart de marge brute potentielle entre les deux cultures reste cependant inchangé.
En revanche, l’un des intérêts majeurs du soja est sa capacité à se passer de fertilisation azotée. Et contrairement au maïs, aucuns frais de séchage ne viennent généralement alourdir sa facture énergétique.
Sec ou irrigué
Le pari du soja est plus risqué en l’absence d’irrigation. « En maïs irrigué, nous observons des rendements moyens qui tournent autour de 115 q/ha, illustre Fabrice Delorme. Ils tombent entre 90 et 95 q/ha en sec, sachant que les maïs sont dans ce cas plutôt cultivés sur des terrains profonds. Le soja irrigué, lui, tourne entre 30 et 40 q/ha en moyenne. Sans irrigation, les rendements font le grand écart : de 10 à 35 q/ha. Les mauvaises années, il arrive que certains sojas ne soient même pas récoltés car le rendement est trop faible pour amortir le chantier. »
Sur des terres irriguées, la marge brute permise par le maïs reste souvent supérieure, mais tout dépend des cours. De plus, le soja a l’avantage d’un cycle plus court, nécessitant moins d’apport d’eau. « Il y a un gain d’une quarantaine de millimètres d’eau au total, même si le nombre de tours d’eau est équivalent au maïs. C’est un léger avantage économique tout comme du point de vue sociétal », souligne Fabrice Delorme.
Effet précédent dans la rotation
Cependant, l’intérêt du soja ne peut pas s’évaluer uniquement sur une campagne. « Excellente tête de rotation, le soja fait un très bon précédent qui peut apporter jusqu’à 50 unités d’azote à la culture suivante », souligne Fabrice Delorme. Une économie substantielle qui reste invisible dans les calculs de marge brute.
Travail mieux réparti
Du point de vue de l’organisation des chantiers, le maïs présente encore un avantage : « Il supporte très bien de rester sur pied quand il est mûr, alors que le soja doit être récolté sans tarder », note Fabrice Delorme.
Le soja, en revanche, libère les terres plus tôt, ce qui permet l’implantation plus aisée d’une céréale d’automne. D’autre part, la substitution d’une partie du maïs par du soja permet d’étaler la charge de travail, les chantiers sur ces deux cultures n’ayant pas lieu aux mêmes périodes.
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